A l'hypermarché

Nous avons la chance d'avoir tout près de chez nous un hypermarché (AEON) qui offre tout ce qu'il faut, notamment une grande surface pour l'alimentaire. Le samedi matin est un bon jour pour faire les courses de base de la semaine, quitte à compléter s'il le faut en sortant du travail à 18h30. De toute façon c'est ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ! A première vue, aucune différence avec notre Leclerc traditionnel. A première vue seulement ! 

Tout d'abord, la quantité de personnel est sensiblement plus importante que chez nous. Il semble y avoir beaucoup d'employés dédiés à des tâches simples (à temps plein ou partiel ?), ce qui constitue sans doute pour le pays un élément de lutte contre le chômage de masse. Ce qui est remarquable, c'est la gentillesse de tous ces personnels, plus ou moins jeunes. Même s'ils ne peuvent pas échanger avec nous (ils ne parlent pas l'anglais et nous ne savons rien dire en japonais) ils sont toujours disponibles et, en communiquant par signes, nous leur expliquons ce que nous cherchons et ils nous guident au travers des rayons jusqu'au produit désiré. Tout cela avec force sourires et courbettes respectueuses. 

La seconde différence réside dans les produits proposés. A part les grands classiques (pâtes, riz, tomates, pommes de terre, pain, biscuit, huile, conserves, surgelés, etc.) on trouve  évidemment des produits adaptés aux recettes japonaises. Même au rayon des légumes frais, on trouve ici des produits spécifiques dont nous citerons quelques exemples. Les tomyos sont des pois germés qui donnent de longues feuilles à manger crues en salade ou cuites légèrement. Les myogas sont des boutons de fleurs comestibles qui ont un peu le goût des échalotes et que l'on peut manger avec des grillades. Les gobos (bardanes) sont des racines longues et minces que l'on consomme râpées ou marinées dans du vinaigre. Les goyas sont des courges amères à consommer cuites avec de la viande. Les komatsunas sont des feuilles de moutarde qui se substituent volontiers aux épinards : j'en achetais souvent sous le nom de "mustard green" lorsque j'étais en année sabbatique à Gaithersburg (USA) en 1990. 

Du côté des produits protéinés, on trouve tout d'abord du tofu, en blocs de différentes tailles, naturel ou fumé. La viande (bœuf, veau, porc et poulet) est généralement vendue en morceaux prédécoupés, mais on ne trouve pas d'abats. Le sashimi est du poisson cru, ultra-frais et tout à fait délicieux ! En ce qui concerne les produits de la mer, on trouve aussi des crevettes, des tronçons de poulpe, des œufs de poissons se présentant comme des petites plaquettes roses, etc. 

Mais ce qui frappe surtout quand on fait ses courses au Japon, c'est l'ingéniosité des commerçants pour proposer toutes sortes de mets (crus ou cuits) en conditionnements de petite taille : 1 carotte, 1 pomme, 1 orange, 3 tomates, 4 minuscules aiguillettes de poulet, 100 g de filet de poisson, 85 g de pâtes, 70 g de yaourt, etc. Le plus extraordinaire, c'est que chacun de ces produits est emballé individuellement, avec beaucoup de goût, dans des barquettes, des petits pots ou des films plastiques (en PS choc ou en PET).

Le nec plus ultra réside dans la vente de plats tout préparés. Dans chaque rayon, des employés "de base" disposent dans des mini-plats transparents (toujours en plastique) des assortiments de produits incitant les clients à se mettre à table sans avoir besoin de cuisiner. Ce sont parfois des salades composées accompagnées le plus souvent d'un ou deux sushis et d'une sauce dans un sachet. Pour réchauffer au four à micro-ondes, on propose des préparations cuites contenant un petit morceau de viande ou de poisson, un accompagnement de légumes, quelques herbes aromatiques et un peu de riz ou de pâtes, avec en général une sauce au soja dans un sachet (plus un autre contenant du bicarbonate de soude pour la conservation). 

Les deux photos ci-dessus montrent l'ensemble des produits que nous avons achetés aujourd'hui à l'hypermarché. On voit bien, sur ces images, l'effort d'emballage de tous les articles. L'ensemble nous est revenu à 9.063 yens (voir le ticket de caisse) ce qui donne presque exactement 70 € au cours du jour. On constate que si l'on cuisine soi-même et que l'on fait systématiquement l'impasse sur les produits "exotiques" (e.g. Munster-Géromé + Pinot gris d'Alsace) et que l'on oublie provisoirement son steak de 300 g dans le faux-filet, on arrive grosso modo à s'en tirer pour le prix du caddy moyen en France.